« Alex, le destin d’un roi » : Graal printanier ou grosse camelote ?

Alex, le destin d’un roi
de Joe Cornish
Famille, Fantastique, Aventure
Avec Louis Serkis, Tom Taylor, Rebecca Ferguson, Angus Imrie
Sorti le 3 avril 2019

Alex, jeune écolier londonien très ordinaire, découvre sur un chantier la légendaire épée magique Excalibur. Bien malgré lui, Alex va devoir affronter la maléfique fée Morgane, dont le réveil n’augure rien de bon pour le monde actuel. Mais avant de la combattre, Alex devra convaincre ses camarades de classe de s’allier à sa noble cause.

Découvert en 2011 grâce à Attack the Block, Joe Cornish revient aujourd’hui avec Alex, le destin d’un roi, une énième adaptation cinématographique des légendes arthuriennes que plus personne n’attendait vraiment depuis les échecs successifs du Roi Arthur d’Antoine Fuqua (2004) et du encore trop frais Roi Arthur : La Légende d’Excalibur de Guy Ritchie (2017). Si la réalisation de Joe Cornish ne lorgne pas vers le film d’époque comme ses prédécesseurs, force est de constater qu’il subira plus que probablement le même destin au box office.

En s’attaquant à l’un des cycles les plus connus de la littérature moyenâgeuse anglo-saxone, le cinéaste britannique pensait probablement pouvoir le dépoussiérer, lui redonner une jeunesse grâce à une recette qu’il avait déjà utilisée huit ans plus tôt dans sa première réalisation. De fait, difficile de parler d’Alex, le destin d’un roi sans le mettre en parallèle avec Attack the Block. Au-delà de la mise en scène d’un groupe d’adolescents dans des situations aussi fantastiques que rocambolesques, Joe Cornish a repris tous les ingrédients qui constituaient l’ossature même de son précédent long métrage : des protagonistes caricaturaux (ici l’anti-héros grassouillet, le copain un peu geek habitant la même rue, le blond égoïste et brutal, et le faire-valoir de la brute), une poursuite irrémédiable de l’affrontement que personne ne remet en perspective et l’attaque d’une forteresse improvisée face à des ennemis gauches et ternes. Un scénario qui ne transpire pas d’originalité et qui a une fâcheuse tendance à lorgner vers la série B, sans pour autant l’assumer… c’est d’ailleurs là que le bât blesse lourdement.

C’est certain, Joe Cornish, en digne disciple d’Edgar Wright, laisse entrevoir dans ses réalisations une réelle malice de mise en scène, à la fois innovante, spectaculaire et humoristique. En cela, Alex, le destin d’un roi ne fait pas exception à la règle. Certaines scènes révèlent une puissance burlesque cachée comme, entre autres, l’apparition de la Dame du Lac en quelque endroit que ce soit, même dans une baignoire. Mais cette force comique n’est jamais exploitée à sa juste valeur, faisant à chaque fois retomber le soufflé. Joe Cornish n’ose pas et cela donne au final un film qui n’imprègne pas son spectateur.

En résumé, cette deuxième réalisation de Joe Cornish passe à nouveau à côté de son public en voulant se montrer trop scolaire. De nombreuses pistes gisant ci et là dans le scénario méritaient plus d’attention. Néanmoins, après John Boyega dans Attack the Block, Joe Cornish semble avoir trouvé en la personne d’Angus Imrie (acteur incarnant Merlin) une nouvelle pépite qu’on devrait revoir très prochainement tant il crève l’écran.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.