Albert à l’Ouest de Seth MacFarlane

albert a l ouest affiche

Albert à l’Ouest
de Seth MacFarlane
Western, Comédie
Avec Seth MacFarlane, Charlize Theron, Amanda Seyfried, Liam Neeson, Giovanni Ribisi
Sorti le 9 juillet 2014

Albert vit au Far-West avec tout ce que cela comporte de dangereux. Au milieu des indiens et des renégats, il faut également faire attention à ne pas mourir mordu par un serpent, la maladie ou être écrasé par un bloc de glace. Bref, Albert a de quoi s’inquiéter, d’autant qu’il ne se sent pas l’âme d’un vrai cow-boy.

Albert à l’Ouest était très attendu par la critique après la réussite de Ted, le chef-d’œuvre humoristique de Seth MacFarlane. De fait, le nounours le plus impertinent du septième art avait enchanté les cinéphiles par son caractère frondeur mais aussi parce qu’il redorait le blason d’un cinéma US bien trop souvent tiraillé entre la soif de transgression et la barrière du puritanisme.

La nouvelle réalisation de Seth MacFarlane se doit dès lors de confirmer le génie du réalisateur américain. Et cela commence de bien belle manière dès les premières minutes de bobine. Plans parfaits, personnages caricaturaux à cheval entre le XIXème et le XXIème siècle, humour omniprésent et surtout, des dialogues décomplexés, c’est certain, Seth MacFarlane a un talent inné pour faire basculer un récit tragique dans l’absurdité sans que cela en devienne pathétique.

Et pour cause, le spectateur est transporté dans un univers qui lui parle : le western. Si le genre a pris du plomb dans l’aile ces deux dernières décennies, il reste une référence pour tout cinéphile qui se respecte. Le malmener dans une comédie bousculait très logiquement les codes. Sur ce point, rien à redire, Seth MacFarlane réussissant à ne pas tomber dans la série B de mauvais goût.

Près de deux heures s’écoulent et on se complait à suivre la quête d’amour d’Albert agrémentée de cocasseries. Le sourire se fige sur notre visage. Oui mais voilà, si ce fameux sourire ne nous quitte pas, on ne rit pas aux éclats. La raison est simple : l’histoire manque de rythme.

Albert à l’Ouest est construit telle une succession de sketchs drolatiques. Des scènes bien distinctes qui apportent chacune leur lot d’absurdité dans un ensemble plus ou moins homogène. Ce choix narratif rend la trame de fond très secondaire, et qui sait si celle-ci est indispensable dans un long métrage. Rares sont les films travaillés de la sorte qui ont pu réellement enchanter le public. Dans ce registre, on se remémore un certain La Cité de la Peur, véritable bible francophone de la potacherie et de l’absurde. Sauf que les facéties présentées dans Albert à l’Ouest ne sont pas du calibre du film des Nuls.

Hormis ce défaut rendant laissant le spectateur en surface, il faut toutefois souligner l’excellente prestation des acteurs présents. La belle Charlize Theron est époustouflante tout comme Giovanni Ribisi. Les deux acteurs, bien que dans des rôles opposés, apportent une réelle plus-value au long métrage. C’est également le cas de Neil Patrick Harris, attirant la caméra grâce à une aisance magistrale. Seule ombre au tableau : Seth MacFarlane lui-même. En s’installant dans la peau d’Albert, le réalisateur s’est enorgueilli d’un personnage qui aurait probablement pu être mieux exploité.

En résumé, Albert à l’Ouest est un western déjanté, drôle et décomplexé. Cependant, le découpage du récit en sketchs annihile sa propre dynamique. L’impression désagréable de se coltiner une série en douze épisodes de dix minutes. Mais si vous souhaitez passer un moment de détente, ce film reste incontestablement une bonne option.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.