Akro : Quadrifolies

 

Quadrifolies est le dernier album du rappeur Akro. Sa cover montre Akro de dos, portant ses deux petites filles dans ses bras.

Ce dernier opus évoque principalement la vie d’adulte et de père de famille du rappeur du célèbre groupe de hiphop belge Starflam. Le cap de la quarantaine passé, Akro se pose des questions sur sa vie et revient sur son passé d’enfant et d’adolescent.

Le résultat est un album teinté de nostalgie, soulèvant des questions existentielles et jetant un regard critique sur la société actuelle.

Le premier single de l’album, Mon Coca cola et mes Nike fustige la société de consommation, la mondialisation et l’uniformisation des goûts provenant de la culture US. Dans cette chanson, le rappeur va jusqu’à critiquer la publicité. La consommation devient une drogue. Le rap se fait gifler par le rappeur qui l’accuse de ne plus transmettre de message : la musique n’a plus d’âme, n’est plus qu’une malheureuse succession de « copier-coller ».

On retrouve cette même amertume vis à vis de la musique dans le titre éponyme de l’album Quadrifolies dans laquelle il s’adresse à ses enfants et dit «papa fait de la résistance, depuis que la musique qu’on nous sert manque de consistance».

L’autre gros titre de l’album est la chanson Les femmes sont là. Akro est accompagné par la chanteuse belge Marie Warnant. Le rappeur écrit une véritable hymne en honneur des femmes.

La nostalgie, le refus de vieillir et le rôle de père de famille sont des thèmes centraux et traversent presque toutes les chansons de l’album.

Dans Quadrifolies et On chillait, Akro revient sur ses inspirations de jeunesse et cite notamment les groupe Public Enemy ou encore NTM, des artistes qui parvenaient encore à le bouleverser…

Mémoire vive est un véritable retour dans le temps. Il évoque sa jeunesse, ses débuts dans la musique, Goldorak, les billes et la cours de récré.  C’est un véritable récit autobiographique ponctué de dates.

On chillait rappelle la vie post-internet. Comme le rappeur l’écrit, «nos vies n’ont jamais été aussi virtuelles». Selon lui, internet apporte trop de distractions. Les jeunes vivent connectés. La flânerie d’antan a disparu. Avant, on chillait. Je ne suis pas nécessairement d’accord avec l’avis d’Akro et je pense que les jeunes chillent et flânent toujours, d’une manière différente peut-être…Dans la même chanson, il se définit comme un papa oldschool.

Les quatre dernières chansons de l’album sont Tiens bon, Et si j’étais dead, Post-mortem et Petite Renaissance, et suivent visiblement une chronologie logique.

Le rappeur Sly D intervient dans la chanson Tiens bon, sur une super chouette production de DJ Mig One. Akro dédie ce titre à «ceux qui vivent des difficultés au quotidien».

Dans le titre Et si j’étais dead, Akro semble se poser des questions plus existentielles. Maintenant qu’il est père, le rappeur refuse de mourir. Il se penche également sur l’ensemble des accomplissements de sa vie.

Post-mortem est de nouveau un titre nostalgie, qui fait l’éloge du rap «d’avant», et qui revient sur l’aventure Starflam.

Petite renaissance est un titre plus acide encore que les autres. Les mots sont martelés : calvitie, quarante piges, le changement, le désir de rester un enfant, l’emprisonnent dans «les couloirs du temps». Il revient également sur les méfaits de la société de consommation et  plus généralement, du capitalisme. Il évoque à nouveau la vie après la mort. Son adolescence et le rap constituent sa petite renaissance.

Dans l’ensemble, Akro nous propose un album assez personnel, et autobiographique. Il critique sans vergogne les artistes actuels, le rap actuel, les pseudo intellectuels, les faux écrivains.

Je trouve que malgré les thèmes récurrents déjà mentionnés plus haut, il est possible de scinder l’album en deux parties.

Le titre Mon Coca cola et mes Nikes entraîne un basculement et change l’esprit de l’album. Les titres précédents sont plutôt nostalgiques, et offrent une réflexion sur la vie et le temps qui passe. A partir de ce titre, les paroles contiennent presque de la colère. Les productions sont d’ailleurs plus lourdes, plus sérieuses et plus oppressantes. Le flow du rappeur est moins fleuri et le ton plus grave.

 

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