Sans ailes et sans racines aux Martyrs

hamadi

Mise en scène et interprétation : Hamadi et Soufian El Boubsi

Du 30 septembre au 25 octobre 2014 à 20h15 au Théâtre des Martyrs

Le spectacle Sans ailes et sans racines n’aura sans doute jamais été autant en résonance avec l’actualité autour du conflit Islam-Occident. Cette création père et fils avait reçu le prix « Coup de cœur de la presse » au festival Off d’Avignon en 2009. Dans le cadre d’un focus sur le comédien et metteur en scène Hamadi, le théâtre de la Place des Martyrs propose ce spectacle coup de poing en alternance avec une autre pièce plus poétique du même auteur, Papa est en voyage, jusque fin octobre.

Dans la vie, ils sont père et fils. Et ils sont aussi tous les deux comédiens. Mais ce n’est pas leur propre histoire qu’ils racontent. C’est celle de deux générations d’immigrés en Belgique.

Le premier, arrivé sur le sol belge avec ses parents à l’âge de 7 ans, s’est frotté aux notions de démocratie et de liberté individuelle jusqu’à les adopter complètement et à devenir athée. Le deuxième est né en Belgique et y vit toujours mais ne se sent pas chez lui. Il s’est tourné vers un islam militant, en quête de ses origines.

Le père et le fils condamnent chacun le monde de l’autre, s’accusant mutuellement d’être sanglé dans une ceinture mentale, et de mener l’humanité à sa perte. Le père attaque violemment les intégristes qui polluent les esprits faibles en les emprisonnant dans des carcans religieux. Le fils, lui, dénonce la démocratie de pacotille prônée par le père, se refusant de vivre une existence moyenne dans une société décadente et matérialiste. Tour à tour, ils livrent leur vision furieuse et actuelle du monde. Les origines, l’intégration, la peur de l’autre, la condition des femmes et les rapports à l’Occident ; ces thèmes majeurs sont abordés sans détour et sans fard. Mais c’est évidemment la question de la religion, adhésif fort pour l’un et emplâtre pour l’autre, qui renvoie inexorablement le père et le fils dans deux mondes que tout oppose.

Ancré, enraciné dans la réalité, ce séisme familial frappe d’autant plus fort qu’il est interprété par deux auteurs comédiens personnellement concernés par le sujet abordé, apportant par leur légitimité et leurs connaissances sur l’immigration maghrébine une déflagration forcément plus puissante au récit.

En évoquant des questions infiniment contemporaines, Sans ailes et sans racines a le mérite de stimuler le débat et de lutter contre les certitudes, à l’heure où l’on assiste partout dans le monde à une poussée du radicalisme religieux.

Certains reprocheront au spectacle de ne pas être un grand message d’espoir mais plutôt une promesse d’une haine au long cours.

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