9 Doigts, un ticket d’entrée pour l’anticonformisme

9 Doigts

de F.J. Ossang

Film noir, Thriller

Avec Paul Hamy, Damien Bonnard, Pascal Greggory, Gaspard Ulliel

Sorti le 28 mars 2018

Une silhouette masculine s’enfuit le long des quais fumants dans la nuit et tombe sur un homme muni d’une liasse de billets, en train de succomber à la balle qu’il a reçue dans le cœur. S’emparant de l’argent, l’homme poursuit sa fuite mais se fait rattraper par une bande de gangsters. Magloire, c’est son nom, commence alors à travailler pour eux. Mais suite à un problème lors d’un casse, Kurtz, le chef de la bande, emmène ses acolytes sur un cargo transportant une mystérieuse marchandise hautement nocive vers une destination tout aussi inconnue. Le gang n’est pas rassuré lorsque le capitaine leur souhaite la « Bienvenue en enfer »…

Le dernier film de F.J. Ossang nous embarque dans un univers à la fois familier et étrangement particulier, bien loin du cinéma français actuel. Il nous rappelle aussi bien l’expressionnisme allemand que des feuilletons policiers en passant par l’âge d’or hollywoodien et la science-fiction. Toutes ces références peuvent dérouter au premier abord, mais il ne faut pas prendre la dernière réalisation du cinéaste comme une œuvre réservée aux experts prétentieux. Une fois passée la sensation de trouble que l’on peut ressentir en regardant les premières minutes du film, on se laisse emporter par cette création hybride et insolite, ne cherchant plus à comprendre le pourquoi du comment mais en profitant simplement de la beauté de l’image et de cette ambiance intrigante qui en émane. Car il ne faut pas non plus vouloir à tout prix démêler le nœud de l’histoire, au risque d’être extrêmement déçu voire de s’ennuyer. « Ne rien comprendre, voilà la clé » se dit Magloire, incarné par Paul Hamy, assez convaincant dans son rôle d’être désorienté en quête de sens.

La suite du casting n’est pas en reste : Damien Bonnard joue Kurt, le leader sarcastique, Pascal Greggory l’énigmatique Ferrante et Gaspard Ulliel l’inquiétant Docteur. Tous endossent à merveille leurs personnages singuliers aux répliques parfois incompréhensibles mais délicieusement désuètes. « T’as acheté un ticket d’entrée pour la mort, regarde-la bien en face ».

Bien qu’ayant passé une grande partie du film à essayer d’en sonder les mystères et malgré quelques longueurs, 9 Doigts gagne à être vu et revu rien que pour le moment d’anticonformisme total qu’il nous fait passer.

A propos Julie Vermandele 24 Articles
Journaliste du Suricate Magazine