6 Below, la survie au bout de l’ennui

6 Below : Miracle on the Mountain

de Scott Waugh

Thriller, Drame

Avec Josh Hartnett, Mira Sorvino, Sarah Dumont

Sorti le 29 novembre 2017

D’après l’histoire vraie du hockeyeur Eric LeMarque (Josh Hartnett), qui se perdit en montagne lors d’une puissante tempête alors qu’il faisait du snowboard. En plein sevrage d’une addiction à la drogue, il survivra huit jours sans aucune aide, grâce à sa force mentale et à la ténacité de sa mère (Mira Sorvino). Malgré les séquelles, il finira par en faire une leçon de vie.

Il est de ces films qui sentent à plein nez le surf commercial sur la vague d’un grand succès. Très inspiré de 127 heures de Danny Boyle, 6 Below se retrouve même sur la pente dangereuse du plagiat. On peut même parler de falaise tellement tous les éléments sont alignés sur ce chef-d’œuvre de 2011. Pas de surprise donc au niveau du scénario. Le « héros » doit survivre dans un milieu hostile et sauvage en faisant preuve de force, de courage et d’intelligence.

On peut déjà oublier l’intelligence en ce qui concerne le personnage d’Eric Lemarque. Là où le héros de 127 heures subit un vrai coup de malchance, ici on a du mal à croire comment un être humain normal décide en pleine tempête et face à deux panneaux indicateurs de partir hors-piste. Dans la vie, on appelle ça un choix. Un choix inique, un choix de « junkie » (selon le film) mais un choix tout de même. Le genre de choix que la plupart des sauveteurs de haute montagne qualifieraient de « crétin ». Aussi, on a du mal au départ à se sentir empathique envers ce « héros » débile (mais beau gosse quand même) qui « choisit » de prendre le risque de se perdre.

Bien sûr la nature se montre hostile mais les clichés à la Jack London s’accumulent : du plongeon dans le lac gelé (le beau gosse doit se déshabiller) à la fameuse scène des (deux) allumettes mouillées. Le vice va même jusqu’à la rencontre inopinée avec des loups. Je passe sur les mirages, la blessure qui s’encroûte (la mangera, la mangera pas) et, bien sûr, le gsm qui ne capte pas.

Evidemment, le « héros » seul face à son destin cogite et donne lieu à des flashbacks : il pense à sa mère, à comment il a commencé la drogue et comment il aurait dû écouter pour éviter de se mettre dans des situations délicates et bla et bla. Manquant cruellement de finesse, il s’en dégage une morale crétine, bigote et pathétique. Le tout est appuyée à la fin du film par une séquence générique – comme dans 127 heures – avec de vraies images d’archive de LeMarque de nos jours. On nous explique à grand coup de violon que l’expérience l’a fait grandir, qu’il en a fait une force, que « la drogue, c’est pas bien » et bla et bla.

Enfin, pour un film anti-drogue où l’addiction pousse le personnage principal à récupérer les quelques lignes qu’il lui reste au fond d’un lac, au risque de mourir, on peut se poser la question : aurait-il survécu s’il n’avait pas eu ces quelques grammes pour lui permettre de combattre la fatigue, la douleur et la faim ? D’autant que le sachet dans lequel se trouvait la drogue lui sauvera la vie en faisant office de gourde. Il faut croire que le destin lui aura laissé une seconde chance.

Vous comprendrez donc que 6 Below est un film à éviter. A la limite du plagiat, il nous raconte l’histoire pathétique d’un snowboardeur imprudent qui a eu de la chance. Dans un ramassis de clichés, Scott Waugh signe un film moralisateur, crétin et bigot. On ne saurait donc vous conseiller de privilégier de voir (ou revoir) le splendide film de Danny Boyle 127 heures. On y trouve moins de croûtes et plus de suspense.

A propos Bruno Pons 45 Articles
Journaliste du Suricate Magazine