35ème tome de Spirou : Le Groom de Sniper Alley

spirou le groom de sniper alley couverture

scénario : Fabien Vehlmann
dessin : Yoann
éditions : Dupuis
sortie : novembre 2014
genre : Humour, aventure

Nous n’apprendrons sans doute rien à nos lecteurs en rappelant que Yoann et Fabien Vehlmann ne sont absolument pas les pères de Spirou et Fantasio, mais que ce duo d’auteurs ne manque pas de qualités pour antant. Avant Le Groom de Sniper Alley, ils avaient déjà collaboré à plusieurs reprises, et les résultats s’étaient avérés à la hauteur des attentes, aussi nous réjouissons-nous de voir paraître ce nouveau volume des aventures de Spirou et Fantasio.

Si par le passé, on avait souvent vu nos deux sympathiques compères parcourir le monde et libérer des pays de leurs oppresseurs illégitimes (comme dans Le Dictateur et le Champignon, par exemple), la situation à laquelle ils se heurtent aujourd’hui est un tantinet différente. En effet, le récit prend pour toile de fond l’Aswana, un pays où le contexte rappelle fortement celui de l’Irak ou de l’Afghanistan : l’Aswana, récemment libéré du joug de son dictateur grâce à l’intervention de forces militaires occidentales, traverse une période d’instabilité géopolitique. Des élections vont être organisées démocratiquement pour redresser le pays. Des conflits d’intérêts laissent sous-entendre que la présence occidentale sur le sol aswanais n’est pas du meilleur augure pour la population locale…

Spirou et Fantasio débarquent donc dans ce contexte, au plus fort de la crise, mais cette fois, pas question de résoudre une situation diplomatique assez complexe et tendue en doux coups de cuiller à pot. Comme par aveu d’impuissance, l’intrigue se détache progressivement de la situation aswanaise, qui ne sera bientôt plus qu’une simple toile de fond aux aventures de Spirou et Fantasio. Ce réalisme lucide face à une situation dont les enjeux dépassent nos héros est, à notre sens, l’un des grands points forts de l’album.

Mais alors, direz-vous, que viennent-ils faire là, nos deux héros ? Eh bien ils sont venus avec une idée bien précise en tête : récupérer la stèle de Sidi Wadi, qui elle seule permettra de localiser l’antique trésor d’Alexandrie, d’une valeur inestimable (bien entendu). À partir de ce moment, l’ambiance de l’œuvre change sensiblement : le récit renonce à ses airs engagés et pacifistes au profit d’une narration à la Indiana Jones, chasseur de trésor. Spirou et Fantasio affrontent une série de dangers pour accomplir leur quête au cours de laquelle Spip se taille la part du lion. Bref, nous sommes en plein dans le parcours du héros classique, dont chaque étape et chaque rebondissement sont aisément prévisibles.

Un autre reproche que l’on pourrait adresser à cette œuvre, à condition d’être un peu sévère, c’est la relative similitude que l’on constate entre Spirou et Fantasio. Ils ne constituent plus le duo contrasté envisagé par leurs créateurs, à tel point qu’au cours du récit, presque toutes leurs répliques sont interchangeables. Leurs tempéraments sont proches, leurs réactions quasi identiques. On en vient parfois à regretter la mauvaise foi et les bouderies de Fantasio, qui faisaient de lui un anti héros si attachant.

Enfin, malgré ces quelques critiques, la lecture de cet ouvrage reste très agréable. Esthétiquement, l’album est irréprochable, il se fond parfaitement dans le style actuel de la bande dessinée franco-belge. L’humour est présent à chaque page et la trame de l’histoire s’avère dynamique de la première à la dernière page. On pourrait même déplorer que la chasse au trésor n’ait pas duré une dizaine de pages supplémentaire, afin de lui octroyer davantage de profondeur !

A propos Ivan Sculier 67 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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