11.22.63, quand Stephen King rime avec réussite

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11.22.63

de Bridget Carpenter

Drame, Science-Fiction, Mystère

Avec James Franco, Sarah Gadon, Cherry Jones

Sorti en DVD/Blu-Ray le 14 novembre 2016

Jake Epping est un professeur de lettres à la vie monotone et peu envieuse. Alors qu’il se remet à peine d’une séparation, Jake apprend l’existence d’un portail temporel exploité jusque-là par Al Templeton, le propriétaire du diner local. En l’empruntant, Jake se retrouve projeté en 1960, trois années avant l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Sa mission n’est autre que d’empêcher Lee Harvey Oswald d’accomplir son méfait.

Propulsé par la plate-forme américaine Hulu et débarqué discrètement en Belgique via Be TV, 11.22.63 est l’adaptation du roman éponyme de Stephen King sorti en 2013 aux éditions Albin Michel. Et qui dit adaptation de Stephen King, dit forcément méfiance. Car, c’est une réalité, Stephen King semble être difficilement adaptable au cinéma ou en télévision tant les expériences récentes sont soit médiocres (Haven, Chambre 1408, Carrie), soit catastrophiques (The Mist, Under the Dome). Mais voilà, lorsque l’on croise tout à coup la fiche technique du film où se côtoient J.J. Abrams, Steven Spielberg et James Franco, et une histoire rappelant de manière lointaine l’incontournable Dead Zone, on se dit que ce 11.22.63 en a peut-être plus sous la godasse qu’on aurait pu le penser. Le blu-ray mis en route apporte la réponse à notre interrogation, cette mini-série de huit épisodes (d’environ 50 minutes) est un pur chef d’oeuvre télévisuel à voir de toute urgence.

La première force de cette courte série est sans conteste son aspect réaliste. Ce qualificatif pourrait prêter à sourire pour une production de science-fiction, mais elle prend tout son sens lorsqu’on omet le principe narratif du voyage temporel. Car, hormis le saut dans le temps de Jake, c’est avant tout à un récit politico-imaginaire, psychologique et romantique que doit faire face le spectateur. De fait, le fantastique apporte la marginalité nécessaire au programme, mais les nombreuses histoires sous-jacentes en agrémentent le contenu, faisant d’ailleurs passer la série de la science-fiction au thriller. Un thriller pudique et classique, n’appuyant que très rarement le trait pour mieux convaincre les critiques de la nécessité d’en faire une série de sept heures plutôt qu’un long métrage expéditif. La politique et l’utopie ont besoin de mijoter pour mieux se croiser et cela, la scénariste Bridget Carpenter (Friday Night Lights) l’a bien compris.

Bref, 11.22.63 est visuellement irréprochable et scénaristiquement costaud. Déifié par la prestation cinq étoiles de James Franco, le personnage de Jake possède tous les éléments nécessaires à faire de lui un mystère au coeur de l’intrigue, attisant indubitablement la curiosité du spectateur. Reste un contexte historique en toile de fond qui, au final, ne sert qu’à lier entre elles les différentes étapes géographiques et psychologiques de notre protagoniste principal.

Avec 11.22.63, Stephen signe sa renaissance imagée et démontre qu’il est toujours un « King » de l’imaginaire.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.